Dimanche 23 avril : las Terrazas On se réveille sous un magnifique ciel d’azur qui nous permet, après le petit déjeuner, d’aller admirer et photographier la façade baroque de notre hôtel et celles du voisinage datant de la même époque. Puis nous retrouvons Yudel et Pichi et réintégrons la guagua pour de nouvelles découvertes. Avant de quitter Pinar del Rio nous faisons un tour de ville agrémenté de quelques explications. La ville fut fondée à la fin du XVIIIème siècle par les espagnols qui installèrent là un comptoir visant à déloger et repousser plus loin dans les montagnes la population noire. Aujourd’hui elle compte environ 150.000 habitants et vit essentiellement du tabac et du tourisme. Elle possède une architecture coloniale remarquable mais pas toujours mise en valeur faute de moyens. Nous passons devant de belles façades toujours précédées en rezde-chaussée de vérandas à colonnes pour protéger les piétons de la pluie et du soleil. A l’angle d’une rue s’élève le somptueux Palacio Guasch, en restauration dont la façade néoclassique est partiellement cachée par des échafaudages. 10 Durant le trajet Yudel nous ouvre une page d’histoire. L’histoire de Cuba comprend cinq périodes : – La période précoloniale avant le débarquement de Christophe Colomb dans la baie de Baracoa le 27 octobre 1492, – Les quatre siècles de colonisation Espagnole de 1492 à 1898 ; – L’occupation militaire américaine de 1898 à 1902, – La république néocoloniale de 1902 à 1958, – Et la révolution cubaine à partir du 1er janvier 1959 qui débouchera sur la période castriste encore d’actualité. Les premiers habitants de l’île étaient des tribus indiennes qui venaient du Venezuela. Les Taïnos s’installèrent au centre et au nord-est, les Sibonedjes au sud-est et les Guahanatabeyes dans la région de Pinard el Rio. La langue communément utilisée était le dialecte Taïna. A l’époque Cuba était à 90% couverte de forêts, il n’en reste que 10% aujourd’hui. C’est Diego Velasquez qui a fondé au XVIème siècle les premières villes cubaines : – en 1511 : ND de la Socio de Baracoa au N/E, proche de l’océan Atlantique, – en 1513 : San Salvador de Bayamo, plus à l’intérieur des terres, à l’abri des pirates, – en 1514 : Santa Maria Port au Prince (actuelle Camagüey), Sancti Spiritus et ND de la très Sainte Trinité (actuelle Trinidad) – en 1515 : Remedios et Santiago de Cuba – en 1519 : San Cristobal de la Habana (la Havane). Christophe Colomb introduit à Cuba la culture de la canne à sucre et asservit les indiens pour les utiliser comme main d’œuvre dans les plantations et dans les mines d’or. Un chef rebelle Hatuey est brûlé vif pour étouffer toute tentative de résistance mais le cacique Guama poursuit la lutte dans la région montagneuse de Baracoa jusqu’en 1532 où il est, lui aussi, exécuté par les troupes de Velasquez et ses partisans réduits en esclavage. Dès lors la population indienne est décimée par les maladies (surtout la variole) et les survivants sont convertis à la religion catholique. Dès le XVIème siècle les populations autochtones ont été complètement éradiquées et l’esclavage vient peu à peu remplacer la main d’œuvre indienne. Santiago est le principal port dévolu à la traite. Contrairement aux indiens, les noirs semblent adopter plus facilement le catholicisme mais continuent parallèlement à adorer leurs idoles. Ils créent ainsi une religion afro-cubaine : la Santeria. Par exemple la vierge noire est un mélange de ND de la Charité et de la déesse Ochun (déesse de la richesse, de l’amour, du miel et des rivières), Sainte Barbe est assimilée au dieu Chango… Tout au long du XVIIème siècle la culture de la canne à sucre et du tabac s’étend sur les forêts massivement défrichées. Le XVIIIème connait une tentative d’invasion anglaise à la Havane (6 juin 1762), que les Espagnols résolvent en négociant un échange contre la Floride (traité de Paris le 10 février 1763) ; et la révolution Haïtienne ainsi que les troubles à Saint Domingue provoquent une forte émigration de colons Français et d’esclaves vers Cuba, principalement dans la région de Guantanamo. Ils apportent avec eux de nouvelles cultures : le café et le coton. Durant la première moitié du XIXème siècle, suite au déclin de la production Haïtienne, Cuba devient le 1er exportateur mondial de café et de sucre de canne. 11 Parallèlement, la révolution industrielle engendre un prodigieux essor économique : 1837 voit l’avènement du chemin de fer (10 ans avant l’Espagne), la machine à vapeur est introduite pour le transport de la canne ainsi que de nombreuses évolutions technologiques dans l’industrie sucrière. Mais, à partir du milieu du XIXème siècle les cubains réalisent que toutes leurs richesses partent à l’étranger et se sentent spoliés, on assiste à la naissance d’un sentiment d’identité nationale et aux prémices d’une révolte. Le nombre d’esclaves fugitifs (los cimarrones) se multiplie. En 1860 les pays d’Europe commencent à produire du sucre à partir de la betterave cultivée localement et le marché de la canne à sucre s’effondre. Le 10 octobre 1868, un propriétaire de plantation, Carlos Manuel de Cespedes est le premier à affranchir ses esclaves et à fomenter une conjuration contre l’occupant espagnol qui deviendra la première guerre d’indépendance du pays. Elle va durer dix ans. Pour faire pression sur ce leader le gouvernement colonial prend en otage son fils Oscar, mais celui-ci ne flanche pas et l’enfant est assassiné. Dès lors Cespedes devient « el padre de la patria ». En avril 1869 une assemblée est réunie (où Anna Betancourt devient la première femme cubaine à siéger), une constitution provisoire est adoptée et Cespedes devient le président de la « république en armes ». Mais la violence des combats entre les belligérants, la difficulté à convaincre les populations de s’engager dans la guérilla, la mort de Cespedes , le manque de cohésion entre les factions rebelles provoquent des dissensions qui minent le camp séparatiste. Le gouvernement colonial Espagnol reprend la main et l’armistice de Zanjon est signé le 10 février 1878, après 10 ans de conflit et plus de 200.000 victimes. Mais les guérilleros n’abdiquent pas si facilement. José Marti (né en 1853), après un premier emprisonnement à l’âge de 16 ans et un exil aux Etats-Unis, crée, avec un groupe de Cubains en exil, le premier parti communiste Cubain en 1892 et organise en 1895 une nouvelle guerre d’indépendance « la guerre nécessaire ». Il est tué au combat le 19 mai 1895 mais ses fidèles lieutenants, Antonio Maceo (le titan des proses), Calixto Garcia et Maximo Gomez poursuivent la lutte armée. Il faut aussi mentionner Marianna Grahales, infirmière et mère d’Antonio Maceo, qui tint un rôle héroïque et fut surnommée « la madre de la patria». En 1898, alors que la partie était presque gagnée pour les insurgés, les Américains débarquent dans la rade de la Havane (le 15 février 1898) et font exploser leur propre cuirassé « le Maine » afin d’avoir un prétexte pour déclarer la guerre à l’Espagne et prendre part au conflit qui leur ouvre des perspectives stratégiques. Le 10 décembre 1898 un traité de paix est signé à Paris mettant un terme à la guerre d’indépendance et à la colonisation espagnole mais les Cubains ne sont pas conviés à la ratification. Les Etats-Unis deviennent alors, de fait, les nouveaux colonisateurs de Cuba jusqu’en 1902. Puis Yudel fait une pose dans cette histoire mouvementée et captivante alors que l’on quitte l’autoroute quasi déserte pour grimper dans la Sierra del Rosario vers las Terrazas. Arrivés sur place on s’installe sur une vaste estrade couverte surplombant le lac San Juan où l’on est rejoint par une guide locale, Cecilia, qui va nous présenter le site et nous suivre toute la journée. Las Terrazas est une réserve naturelle protégée dont le reboisement fut entrepris dès 1968 à l’initiative de la centaine de familles d’une communauté rurale pour freiner l’érosion catastrophique. Plus de six millions d’arbres ont été replantés de 1968 à 1978 sur cette colline ravinée, sélectionnés parmi 22 espèces endémiques de la région. La restauration du site fut si exemplaire qu’il fut classé en 1985 par l’Unesco comme « réserve de biosphère » qui abrite aujourd’hui 117 espèces d’oiseaux et 800 espèces de 12 plantes tropicales dont certaines orchidées et fougères uniques au monde. Mais les contraintes imposées par ce classement prestigieux, à savoir l’interdiction de la pêche, de la chasse et de toute agriculture ont fait fuir la moitié des habitants de la communauté. Ceux ayant choisi de rester bénéficiaient du soutien des autorités cubaines mais la chute du bloc soviétique au début des années 1990 provoqua une suppression des aides financières et le développement de problèmes de délinquance et d’alcoolisme résultant de la paupérisation. Le gouvernement décida alors d’en faire un pôle national du « tourisme vert » par la création d’un hôtel, d’un restaurant et d’activités ludiques (VTT, canyoning, randonnée, accro branche, tyrolienne, baignade…). Pari réussi puisque désormais la communauté vit essentiellement du tourisme. On nous offre un apéritif de bienvenue au curaçao accompagné par un orchestre cubain entraînant puis nous suivons Cécilia à pied pour visiter quelques maisons de la communauté ouvertes au public. A l’exception d’une dizaine de blocs assez laids érigés en 1978 et totalement incongrus dans ce paysage de forêt tropicale, la « commune sociale » est composée plutôt de petites maisonnettes de bois de palmier royal, peintes en blanc et coiffées de toitures à deux pans pour collecter l’eau de pluie. Disposées le long de chemins pentus et sinueux qui grimpent sur la colline depuis le lac artificiel San Juan, elles sont similaires aux premiers bungalows construits par les 45 familles fondatrices (à partir du 28 février 1971) et disposent chacune d’un petit jardin fleuri. Dans l’un d’entre eux picorent quelques beaux coqs de combat aux plumes écarlates. Sur l’autre versant, à côté des barres HLM, s’élève aussi l’hôtel Moka, plus élégant, bâti dans les années 1990. Devant la première maison que nous visitons (celle d’un jeune artiste peintre Cubain à la réputation montante dont l’œuvre est très originale) fleurit un énorme hibiscus. Cécilia en profite pour nous apprendre que cet arbre, hormis sa beauté florale, a de multiples utilisations : son bois robuste est utilisé dans la construction et ses fleurs peuvent être consommées en salade ou servent également de base à des teintures capillaires. Dans une autre maison des objets d’artisanat sont vendus dans le décor même du quotidien de la famille qui y vit. Cécilia nous raconte l’histoire du « café de Maria » qui l’additionnait de rhum pour donner à son époux plus d’ardeur au travail et qui fut bientôt prisé de tous les hommes de la communauté. Après la visite de quelques maisons individuelles nous pénétrons dans un ensemble collectif où, dans le patio ombragé entre les immeubles, on peu déguster le fameux café de Maria, très corsé, ou un café froid et mousseux, plus sucré. Nous rejoignons ensuite le car pour un tour plus élargi de cette commune « idéale » (comme la rêvait Le Corbusier avec sa « cité radieuse »). Un peu en périphérie se trouve une arène dévolue à l’origine aux combats de coqs mais qui, du fait qu’ils sont désormais interdits, accueille maintenant des concerts ou des rencontres sportives. En nous dirigeant vers les cascades de San Juan (el baño San Juan) on croise des maisons indépendantes dont la taille 13 et le confort sont révélateurs du métier de ses habitants. Les généreux pourboires des métiers du tourisme permettent d’édifier des murs en ciment plutôt qu’en planches. Après quelques kilomètres Pichi nous dépose sur un parking dans la forêt et l’on suit une dizaine de minutes le sentier emprunté par de nombreuses familles avec leur pique-nique, jusqu’aux jolies cascades de San Juan pas trop tumultueuses ni profondes en ce tout début de saison des pluies. Nous ne sommes pas les seuls à venir profiter de cette baignade naturelle mais peu importe, nous nous frayons un chemin entre les enfants joyeux et tentons de trouver un coin de berge pas trop accidenté pour nous glisser dans l’eau limpide. C’est très agréable et l’on y flâne durant presque une heure en papotant agréablement. Marc et Viviane s’aventurent même sur la terrasse supérieure de la cascade, au risque de se rompre les os sur les rochers moussus et glissants, pour faire un saut dans le bassin plus profond où nous mijotons. Une fois rhabillés, après cet intermède rafraichissant, nous regagnons le car qui, après avoir récupéré Catherine et JD qui se morfondaient à las Terrazas en craignant que nous les ayons oubliés, nous conduit au restaurant Buena Vista installé à 240 mètres d’altitude sur une ancienne plantation de café. Le chemin pavé qui y mène est bordé de gommiers au tronc rouge et pelé baptisés pour cette raison « l’arbre à touristes ». Après un délicieux déjeuner en musique on s’attarde un peu sur la terrasse pour admirer le panorama splendide sur la vallée, le vol majestueux des vautours à l’envergure impressionnante et tenter de discerner le ventre rouge du trogon, l’oiseau national cubain dont le plumage gris et blanc se confond avec les branchages. Bien peu parviendront à le photographier. Cécilia nous désigne aussi l’arbre Marabout utilisé pour la fabrication du charbon de bois exporté en Europe, notamment en France et en Italie. 14 Ensuite nous montons sur les terrasses successives dédiées au séchage des grains de café pendant que Cécilia nous détaille le processus de fabrication ancestral. La récolte des grains de café rouges se faisait de septembre à décembre. Ensuite ils étaient étalés à plat au soleil pour les faire sécher, dans un cercle délimité par des pierres, et remués en permanence durant 28 jours jusqu’à devenir noirs. La nuit ils étaient recouverts d’écorce de palmier royal pour les préserver de toute humidité. En lisière extérieure de ces terrasses subsistent quelques vestiges des « baracones », les minuscules maisons de pierre dans lesquelles étaient entassés de 4 à 10 esclaves. Les propriétaires des plantations de café étaient, en majorité, des Français venus d’Haïti ou de Saint Domingue à la fin du XVIIIème siècle. Au sommet de la dernière terrasse du séchoir se trouve un moulin en bois (une roue en pierre serait trop lourde) pour décortiquer les grains déshydratés et séparer les écorces des fèves sans écraser ces dernières. Chaque grain comporte deux écorces, une interne souple comme une peau et une externe. Ensuite les esclaves triaient les fèves en réservant les meilleures pour l’exportation et les écorces pourries servaient à faire de l’engrais. C’est encore vrai aujourd’hui mais on conserve un minimum de la production nationale de qualité pour les touristes (qui se négocie également au marché noir), le second choix étant accessible aux cubains avec leur carte de rationnement. A proximité du moulin se trouve un four à chaux – obtenue à partir d’un mélange de pierres calcaires écrasées, de cendres et d’argile – qui fonctionna de 1802 à 1809. En redescendant de la pyramide de séchage par un chemin forestier on croise encore de nombreux gommiers rouges dont l’écorce est un antidiarrhéique et les feuilles un remède contre les maux d’estomac. Cécilia, drôle et pétillante quadra blonde, profitant de nos facilités de transport revient avec nous jusqu’à la Havane, nous la déposons à l’entrée de la zone industrielle jouxtant le port de commerce. Yudel nous précise qu’un autre port (port Mariel) est en construction qui reprendra bientôt toutes les activités économiques, celui-ci devenant alors un port de plaisance uniquement. Nous empruntons l’avenue du Port et croisons successivement d’anciens entrepôts de bois et de tabac, la cathédrale orthodoxe, le musée Havana Club, un immense paquebot de croisière et un cuirassé militaire au mouillage, le musée de la musique, l’Ambassade d’Espagne, l’ancien Palais Présidentiel devenu « Museo de la Revolucion », le musée National des beaux-arts…. Pichi nous dépose devant notre hôtel l’Inglaterra situé sur l’immense place du Parque central, juste à côté de l’Opéra. Comme la porte du car s’ouvre, une furie se précipite sur le micro pour embrasser tout le monde, laissant Yudel et Pichi sidérés ; c’est Marlène, la sœur de Claude, qui nous a rejoint depuis la Guadeloupe où elle habite. On a déjà partagé des voyages avec elle et c’est un plaisir de retrouver son énergie et sa joie de vivre communicatives. L’hôtel Inglaterra est un magnifique bâtiment du XIXème siècle avec de hauts plafonds, des céramiques murales, des mosaïques de verre, des balcons ouvrant sur la place, des coursives intérieures, deux ascenseurs…..et un lit king size trop grand pour la chambre (on a du mal à tourner autour). De notre balcon on jouit d’une vue imprenable sur la grand place, la statue de José Marti et les rutilantes voitures américaines stationnées juste en bas. 15 De six à sept on profite d’une petite pause pour défaire enfin nos valises et prendre une bonne douche avant de repartir dîner à la « Bodeguita del Medio » dans la vieille ville où Ernest Hemingway avait ses habitudes et où se pressent depuis, les célébrités du monde entier. Rien d’attrayant dans l’architecture, c’est un petit restaurant populaire sombre et exigu, bondé de monde. Par un escalier ultra raide où l’on ne peut se croiser à deux on atteint l’étage et nous répartissons dans trois pièces minuscules, éclairées au néon et sans fenêtres dont les murs sont recouverts de milliers de signatures d’anonymes et de photos de tous les « people » passés par là depuis 50 ans. Ce sont majoritairement des hispaniques mais on reconnait quand même notre Depardieu national, Pierre Richard, Claudia Cardinale, Miguel Bose, Sting, Victoria Abril, Martine Carol…..entre autres. Même si Raymond, Marlène et JD sont ravis d’apposer leur paraphe au feutre au milieu des autres, je trouve le concept juste très bobo et l’endroit bien décevant ; mais il parait que c’est la Bodega la plus prisée de la Havane et qu’il faut réserver des mois à l’avance. En ressortant assez tôt (car le menu est sommaire et que l’on étouffe vite dans ce cadre propice à la claustrophobie) nous flânons un peu sur la très belle place de la cathédrale et dans les ruelles de la Habana vieja pour rejoindre le Malecon où nous attend Pichi. En dix minutes nous sommes de retour devant l’hôtel Inglaterra et l’on décide d’aller découvrir un peu les environs. La nuit est douce et les rues animées. Avec un peu de recul on photographie la splendide façade bien éclairée de notre hôtel ainsi que celle de l’Opéra voisin très bien restauré. Au fil de nos déambulations (pas trop rapides afin que Catherine puisse suivre avec ses béquilles) on se retrouve devant le bistro « la Floridita » également fréquenté et rendu célèbre par Hemingway, qui semble attirer la foule. On jette un œil à l’intérieur pour admirer l’architecture art déco et la statue en bronze de l’écrivain, assise sur un tabouret de bar et accoudée au comptoir à l’endroit qu’il affectionnait, lorsque Claude, Marido et Marlène, en train de siroter un daïquiri maison, nous invitent à les rejoindre. Il parait que l’endroit comme le breuvage sont aussi des incontournables de la Havane. On cède donc et l’on joue des coudes pour accéder au bar et goûter le cocktail qui, effectivement, vaut le détour. C’est une joyeuse foire d’empoigne, j’ignore comment les patrons s’y retrouvent tant le Daïquiri coule à flot. Lorsque je vais régler nos deux consommations, le serveur m’en ressert derechef deux autres ; comme je ne sais comment expliquer la méprise en espagnol, et qu’il ne m’entendrait pas dans le vacarme ambiant, nous les boirons à l’œil. On quitte l’ambiance musicale et enfumée (eh oui, la plupart des consommateurs fument de gros havanes, ici ce n’est pas prohibé) de la Floridita pour regagner notre hôtel de luxe, en faisant un petit détour pour visiter les chambres des Nguyen et d’Odile et Karine. 16